L’Association Vigil Tricolore qui regroupe les anciens combattants français des origines africaines, leurs veuves et descendants a marqué par une cérémonie virtuelle la célébration du 14 juillet 2020. L’association a sortie à l’occasion une déclaration liminaire dans laquelle elle peint leur situation puis énumère un certain nombre d’exigences au nom du droit du sang versé, aux dirigeants et politiciens français.
Selon l’Association Vigil Tricolore les anciens combattants français d’origines africaines sont des victimes de l’Etat français qui les avait utilisés pour parvenir à ses fins militaires.
« Le blanchiment par exemple des troupes coloniales a consisté, dans le retrait des troupes coloniales des premières lignes des défilés de victoires, voire leur rapatriement en Afrique après qu’elles ont participé à la campagne d’Afrique et à la Libération de la France durant la Seconde Guerre mondiale », lit-on dans la déclaration.
Cet épisode, relève l’association, conclu tragiquement par le massacre de Thiaroye, un camp près de Dakar, jouera grandement dans la prise de conscience des populations Africaines d’alors, menant aux revendications d’indépendance qui suivront.
« Au regard des multiples interpellations adressées à l’Etat français sur la lancinante question de la mauvaise prise en charge des «anciens combattants français d’origines africaines», initiée et institutionnalisée par l’Etat français, cela constitue systématiquement une tache indélébile et déshonorante à l’image et dans l’histoire coloniale française en Afrique », poursuit la déclaration qui attend l’ouverture des couloirs de négociationavec l’Etat français.
De facto, relève l’association, le Collectif des Familles Africaines des anciens combattants français d’origine africaine, victimes de l’Etat Français qui regroupe plus de vingt (20) associations de différents pays des anciennes colonies françaises de l’Afrique (Sénégal, Togo, Guinée Conakry, Gabon, Bénin, Tchad, Burkina Faso, Niger, etc.); ne cesse de nourrir l’espoir qu’en adressant cet énième plaidoyer à travers la présente déclaration, une issue heureuse serait trouvée par l’Etat français pour ouvrir systématiquement des couloirs de négociations .
Les exigences du Collectif
Le Collectif des Associations Vigil Tricolore de l’Afrique exige de l’Etat français l’examen et le traitement sans complaisance de plusieurs points de revendication parmi lesquels l’amélioration du taux de la pension ainsi que les droits relatifs aux services rendus à l’armée française; l’octroi de la nationalité à tous les anciens combattants français des origines africaines qui sont encore en vie, sans discrimination de pays de résidence et à tous leurs ayants droit et descendants légitimes.
L’acquisition de la nationalité française par le Sang Versé sans distinction de pays et de lieux de résidence à tous les descendants demandeurs, la délivrance de visa sans tracasseries aux anciens combattants français d’origines africaines, les veuves et les descendant(e)s n’ayant pas encore reçu leur nationalité française, sur présentation des preuves (documents des militaires français et lien de filiation), figurent aussi parmi les exigences.
L’exhumation des corps des soldats français des origines africaines non-identifiés enterrés en France pour prélèvement d’ADN afin d’identifier les familles et les pays de provenance, la facilité d’accès au titre de reconnaissance de la nation (TRN), la facilité de délivrance de la carte d’anciens combattants français aux soldats encore en vie, constituent une partie des revendications.
On note également parmi les revendications, le rapatriement des dossiers des anciens combattants français d’origines africaines dans les ambassades de France pour la mise en application des compétences et les responsabilités étatiques françaises ; la décoration (légion d’honneur) à titre posthume de tous les soldats français d’origines africaines morts pour la France ainsi que ceux encore en vie.
En outre l’association demande la réhabilitation à titre posthume du soldat (tirailleur) Cheikhou Cissé condamné injustement par un procès militaire colonial en octobre 1917 à Dakar et déporté le 18 avril 1918 pour le bagne en Nouvelle-Calédonie où il décède en 1933.
La cause des HARKIS
Une partie des supplétifs engagés dans l’armée française durant la guerre d’Algérie sans avoir le statut de militaires. Les harkis comme les autres supplétifs obtiennent le statut d’anciens combattants en France par une loi du 09 décembre 1974 s’ils habitent en France et à partir du 23 juillet 2010 s’ils habitent en Algérie. La France s’engage à accueillir tous les harkis et leur famille rapprochée après la guerre d’Algérie, mais revient sur l’engagement à la suite des accords d’Evian. Seuls 42 500 harkis trouvent finalement refuge en France métropolitaine. Les harkis et leurs descendants représenteraient en 2012 entre 500 000 et 800 000 personnes en France.
« Nous exigeons, au même titre que les anciens combattants français d’origine africaine, leur reconnaissance et leur réhabilitation totale en tant que membres à part entière de la patrie française », lit-on dans la déclaration.
InterFaxPress